Schelling

Schelling Nachlass-Edition


Monsieur

Monsieur Schelling, Secrétaire

de l’Académie Royale

Munic en Bavière

Je vous ai ecrit, cher et respectable ami, de Gerardmer, à mon arrivée dans le sein de ma famille. Je suis à Paris depuis un mois; j’y suis arrivé dans un beau moment, dans le moment où il n’y avoit que des fêtes pour les victoires que l’ Empereur a remportées; j’ai pris à ces fetes la part que devoit y prendre un bon françois. Mon tems à Paris se passe bien vite, parce que j’y suis très occupé; depuis 10 heures du matin jusqu’à 2 je suis toujours dans une des grandes bibliothèques d’ici; la matinée se passe à mettre en ordre les notes que je recueille et le soir je vais ou à la promenade ou en visite. J’ai trouvé ici des savants très intéressants; je me suis attaché surtout à M. Malte Brun, qui connoit très bien le Nord et sa litterature, j’ai fait connoissance avec les savants qui redigent la Biographie universelle, que publient les M.M. Michaud. Je serois fort heureux, si par les liaisons que j’ai ici, je pouvois faire quelque chose qui vous fût agréable et en même tems utile à vos entreprises littéraires. Marquez moi, de quelle maniere cela pourroit se faire; si vous désiriez une annonce, Vous n’auriez qu’à me l’envoyer soit en allemand soit en françois; je la soignerois dans le Journal de l’Empire, dont je connois beaucoup rédacteurs. Si j’avois vos ouvrages ici, je pourrois en faire une récension avantageuse. Vous êtes connu ici de la plupart des savants; on estime beaucoup la litterature Allemande; il ne faut pas juger de l’opinion, d’après quelques tirades du Journal de l’Empire. Si pour vos ouvrages, vous aviez besoin de quelques recherches dans les bibliotheques d’ici, je Vous en prie, ne m’épargnez point.

On désire beaucoup que je fasse imprimer ici mon Manuscriptum Cottonianum; je crains bien que M. Aretin ne l’ait perdu; si cela étoit, je ferois un article foudroyant contre lui. Daignez m’apprendre sur cela quelque chose de consolant. Je vous prie à cette occasion, de me rappeller à l’honorable souvenir de Monsieur de Ringel, qui a bien voulu me marquer un interêt, pour lequel je suis extrêmement reconnoissant.

Comme je prends interêt à la Biographie universelle (dont le 8e. Vol. va jusqu’à la lettre CL) j’ai promis aux rédacteurs, que je chercherois à leur procurer les meilleurs ouvrages biographiques allemands sur la vie des hommes qui se sont illustrés en allemagne, soit par leurs talents et exploits militaires, soit par leurs ouvrages littéraires, soit autrement. Je m’adresse à vous à ce sujet. Nous avons déjà Jorden, ###, Adelung, mais c’est peu de chose. Je desirerois surtout que les vies des hommes illustres en Baviere fussent bien faites. Marquez moi, s’il vous plait les bons ouvrages pour cela; je vous en aurai la plus vive reconnoissance. Ecrivez moi en allemand si cela vous convient mieux. Je désirerois connoitre les sources pour faire, comme il faut, les Biographies allemandes, en general et en particulier. Engagez Mr. Docen, si vous le jugez à propos, à m’écrire, peut etre pourroit il travailler sur cela; on paye bien.

Votre Académie est elle en liaison avec l’institut? je connois beaucoup de membres de l’institut; si sous ce rapport je pouvois vous servir, cela me seroit très agréable.

Donnez moi, s’il vous plait, la liste de vos ouvrages, et si on peut les avoir; j’aime la litterature allemande et je voudrois faire connoitre ce qui merite d’etre connu, tels que sont vos ouvrages.

Dites, je vous prie, mille choses respectueuses à Mde Votre epouse et croyez aux sentiments d’amitié et d’attachement que je vous ai voues

G Gley
rue du fauxbourg S. Honoré
N° 52. Hotel Sinet.