Schelling

Schelling Nachlass-Edition


Monsieur

Monsieur le ### J. Schelling

Secretaire de l’Academie des Beaux arts,

à Munich,

Bavière.

Il y a si long-temps, mon cher ami, que je n’ai eu de vos nouvelles, que je viens vous en demander, et me rappeller à votre souvenir. Votre amitié m’est si connue que je crois vous faire plaisir en vous apprenant que la proscription qui m’avoit enlevé ma chaire est enfin cessée, et qu’à je reprendrai mon cours de l’histoire de la philosophie, dans une situation convenable.

Et vous, mon cher maitre? Où en sont vos leçons, vos travaux, et votre Mythologie? Je n’ai pas besoin de vous dire que je vous attends avec impatience; M[onsi]eur Guigniault, qui vous presente ses complimens, va publier un nouveau volume de sa traduction de Creuzer qu’il ne manquera pas de vous faire parvenir. Bientot vous lui serez nécessaire, et il ne voudroit pas hazarder son avis sur ces graves matières sans connoitre le votre.

Pour moi, je suis enfoncé dans Platon. Je vais d’ici à un mois au plus tard publier le sixième volume de ma traduction dont je vous demande la permission de vous envoyer l’introduction. Je prends même la liberté de vous faire passer un article sur Xenophane qui vous donnera une idée de ma manière d’envisager la philosophie Grecque. Pourquoi ne m’en diriez-vous pas votre opinion, et ne me signaleriez-vous pas les défauts essentiels qui de cet opuscule pourroient passer dans un plus grand ouvrage? Vous me rendriez un service d’ami.

Si vous voyez Monsieur Görres, voudriez-vous me rappeller à son souvenir? et pourriez-vous saluer de ma part M[onsi]eur Ast dont les écrits me sont fort utiles.

Adieu, je vous aime et vous embrasse du plus tendre de mon coeur

V. Cousin
Paris, Rue d’Enfer, 14.